Je suis né au Havre en 1983. A dix ans, je décidai d'opter pour la nationalité brésilienne à la majorité... si jamais je me révélais assez bon footballeur pour espérer être sélectionné en équipe du Brésil.
Je me suis rendu à Paris en 2001, pour poursuivre mes études en hypokhâgne et en khâgne, au lycée Molière. A l’issue de deux années extraordinaires, j’ai lamentablement échoué au concours d’entrée de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm.
J’ai ensuite étudié les lettres, à La Sorbonne (Paris IV), où j’ai obtenu un Master 2 de lettres modernes, en commettant deux mémoires sur l’oeuvre d’Alfred Jarry, sous les ordres d’Antoine Compagnon.
Tenté par l’enseignement en faculté, mais beaucoup moins par le concours de l’agrégation, je suis entré à Sciences-po, pour étudier la communication.
Je vis toujours à Paris, même si le Havre reste ma ville, celle où j’ai encore mes proches et des amis, qui a formé mon imaginaire, entre mer et béton, ancrage provincial et appel de l’ailleurs. Des choses évoquées dans le podcast que j’ai enregistré à l’occasion de la série De grâce pour l’émission “Dans le pot de yaourt”, qui interroge celles et ceux qui font Le Havre, qui sont Le Havre (sic).
J’écris depuis l’adolescence. Ce fut d’abord de la copie : je réécrivais des résumés de matchs de football, piqués dans un almanach de la saison écoulée, et je changeais les noms, embellissais les actions de jeu, transportais des matchs de seconde zone, joués fin novembre devant des gradins déserts, dans un Maracanã plein à craquer, sous une chaleur tropicale.
A dix-sept ans, j’ai commencé à écrire ma propre histoire, sur un grand cahier bleu d’écolier, sans autre but qu’un profond besoin d’évasion, et le désir de me convaincre que le réel ne suffisait pas, que j’étais capable d’y ajouter une pièce.
Ce roman retrace l’histoire d’un homme ayant passé toute sa vie à Bangu, une banlieue ouvrière de Rio, bâtie autour d’une usine textile aujourd’hui disparue, et désormais célèbre pour sa prison et son équipe de football qui attend le retour de jours meilleurs depuis la fin des années 1980. Le personnage devient footballeur, il parcourt le monde avec l’équipe du Brésil et doit mettre fin brutalement à sa carrière, à la suite d’une grave blessure contractée lors d’une tournée en France. Il s’engage en politique, et lutte dans la clandestinité contre la dictature des généraux. A la fin de la sa vie, devenu presque dément, il passe des nuits sans sommeil dans le jardin de l’usine désaffectée, à parler avec Napoléon, Kant, Socrate, et les fantômes de ses vieux amis.
J’aurais aimé imiter Jacques le fataliste ou Tristram Shamdy. Après sept années de travail, marquées par un voyage d’un mois au Brésil, en 2003, je n’en ai sorti qu’un bouquin de jeunesse assez mauvais, alambiqué. J’aime malgré tout relire quelques passages de ce livre, qui tient encore beaucoup du songe adolescent qui le fit naître.
En parallèle, j’ai écrit dans diverses publications étudiantes, pour des sites de critique littéraire, et je me suis lancé dans un deuxième roman, plus autobiographique, qui retrace l’histoire d’un jeune homme crevant d’ennui, dans une ville portuaire où les distractions consistent à déambuler le samedi après-midi dans les allées d’un centre commercial, assister aux matchs d’une équipe de football médiocre dans un stade vide, et passer la nuit de samedi à dimanche dans des boîtes de nuit miteuses. J’aimerais reprendre ce roman, et en retravailler le style, alourdi d’une préciosité un peu dérangeante.
Voilà pour la fin du début de mes envies d’écriture. Ensuite, il y a eu Après l’équateur. Dorénavant De grâce. Après avoir passé dix ans dans une banque, me voilà auteur à temps plein depuis 2019. Je viens d’achever un roman sur Le Havre et en termine un autre au sujet du Moyen-Orient. Je planche également sur plusieurs projets de séries ainsi que pour le cinéma. J’ai toujours énormément travaillé et j’ai eu la chance de rencontrer quelques personnes incroyables, qui m’ont permis de vivre aujourd’hui de l’écriture. Elles se comptent sur les doigts d’une main et se reconnaîtront. Il s’agit d’un rêve que je n’aurais jamais cru possible, surtout quand on vient d’un milieu populaire comme celui dont je suis issu.
On me demande souvent comment on devient écrivain ou scénariste. Je crois qu’il faut être obsédé par l’idée d’avoir quelque chose à raconter de plus important que quiconque et ne jamais abandonner cette conviction. Car personne ne vous attend, les milieux artistiques n’ont pas besoin de vous, surtout si vous n’êtes pas de “fille ou fils de”. Personnellement, cela s’est parfois fait par opportunités, par hasard presque. En travaillant, je me suis forgé quelques convictions, sans jamais avoir la prétention d’être un théoricien ni de posséder le bagage technique d’un scénariste doté d’une expérience du plusieurs décennies. Autant de choses dont je parle dans le podcast ci-dessous, ainsi que de plaisir d’écrire, de l’importance de l’amitié dans le travail et d’assumer le parallèle entre littérature et scénario, entre autres.