Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

“En vérité, il n'y a pas de prose”

Mallarmé dit cela, dans le dernier quart du XIXème siècle. A mon sens, il désigne un territoire encore à explorer. De nouvelles frontières abritant le sens de la modernité, je crois. Un modernité du passé, et encore à venir, celle de Joyce, Proust, Pessoa, Céline, Faulkner, Guimaraes Rosa, Simon, Vargas Llosa, Mc Carthy, Lobo Antunes. C’est le langage devenu matérialité, fond et forme, si l’on veut. Je ne parle pas seulement de souffle et de musicalité, c’est bien plus que cela. Il s’agit d’une langue où tout est décisif, car elle est ce qu’elle décrit. Sans elle, le monde s’écroule, et elle s’écroule sans le monde. Sa disposition et ses sonorités sont les choses, dans leur disposition au cosmos, leur indicible, leur mythe, leur crasse. Elle est, par exemple, ce goût de vieilles hardes pesant sur la ville avant un orage d’été tonitruant, ou celui de la salive que laisse autour de la bouche un baiser trop fougueux. Elle est ce que ces vignettes disent de la crainte humaine face au ciel, ou encore de la vanité, de l’emportement et de la nécessite de l’amour. Et cela ne fait qu’un, enroulé, pris entre soi, inextricable.