Margot la folle, Pieter Brueghel l'ancien
De Brueghel l’Ancien, on connaît surtout les tableaux paysans, réactualisant les scènes bibliques, ou pas. Ces oeuvres lui auraient valu, pour se documenter, de s’introduire dans les noces de la campagne, grimé en gueux. Et il y a aussi Margot la folle. Enfin Dulle Griet, sachant que “dulle” signifie à la fois “folle”, “enragée”, et “stupide”. On sent Brueghel tenant de Bosch, suiveur assumé. Mais il y a là quelque chose de plus domestique, et de plus mesquin. De plus moderne. Margot la dingue réduit la terre à néant, parée de ses trophées, telle une quincaillerie ambulante. En conquête permanente, elle sème la désolation, comme la bêtise, et la guerre. La plus belle conquête est celle à venir, pour l’insatiable idiote, aveugle et repoussante. On croit entendre ses cris, au milieu de l’enfer où les mégères flagellent et battent les démons. La médiocrité ravage la terre, même les contrées magiques de l’au-delà. Père Ubu et Margot sont les authentiques Satan.