Le sillon ou l'erreur par habitude
Je termine la lecture de Guerriers et paysans de Georges Duby. Une histoire des mutations économiques entre les VIIe et XIIe siècle, qui ont vu la fin de l’esclavage en Europe, l’instauration du féodalisme et la montée en puissance de l’Église, entre autres. C’est un ouvrage d’une clarté dense, sur un des âges les plus méconnus de notre histoire, surtout le très haut Moyen-âge. Duby n’échappe pas à la tentation hégéliennes des historiens, lesquels outrepassent leurs tâches et s’aventurent dans la métaphysique ou la philosophie. Un travers que je trouve savoureux, tout comme la digression, et dont Michelet est peut-être le plus célèbre spécimen.
La tragédie des habitudes, des chemins pris par l’histoire et dont nous sommes prisonniers. De quoi gâcher une vie, condamner l’humanité à sa perte. Enjeu et prodige : savoir conserver un oeil sur les routes non empruntés, les possibles vierges. Quels périls encourons-nous à tenter de les rallier ?