Fictive autofiction
Ces dernières années, en France, l’autofiction fut le signe de la modernité, l’avant-garde. C’est dire ce qu’il reste de l’avant-garde. Son temps est en train de passer, ainsi que l’imposture qu’elle a incarnée. La mode laisse place au récit social, ancré dans le réel, le vraisemblable, le faits divers. Cela produit des romans à thèse n’osant dire leur nom, et cachant leur indigence sous un militantisme doucereux.
Ils prétendent incarner un réel fait fiction. Or, seul l’inverse existe : mythes et fiction soutiennent le réel. Nous ne sommes qu’humains, être d’histoires et de mythes. Le réel ne nous est pas donné. Nous le tissons, à l’aide de mots.
Mais revenons à l’autofiction. Il s’agit là d’une pratique vieille comme la littérature et l’humanité, reconditionnée pour paraître neuve. Voici près de mille six cents ans, Saint-Augustin ouvrait la voie, avec ses Confessions. Encore un nombriliste en mal de publicité.
Les traductions correctes rendent bien la plasticité et l’efficacité de sa langue, au service d’un ouvrage à la fois appel et épanchement, sainteté et trivialité, intransigeance et attendrissement.